Telle Emma Bovary repensant à plus soif au bal qui la sortit quelques heures de son ennui, j'aime à compter les jours qui me séparent de ces vacances extraordinaires. Tiens, il y a une semaine, je voyais un dauphin. Tiens, il y a deux semaines, je posais sur une photo avec le (vrai, si, si) conducteur du Poudlard Express à Orlando. Tiens, il y a un mois... Ah ben non, j'étais déjà retournée au boulot depuis un mois, il y a un mois.
BREF. Ces photos ont été prises à Key West, la ville la plus au sud des Etats-Unis, tout au bout du chapelet d'îles qui forment les Keys, au sud de la Floride. Key West est même plus près de Cuba que de Miami, c'est vous dire. Je pose devant notre hôtel là-bas, le Frances Street Bottle Inn, une sublime maison ancienne typique de Key West.
Je vous avais déjà dit ici combien j'aimais acquérir, avant de partir en vacances, un habit que je porte pour la première fois durant lesdites vacances. Ensuite, le vêtement en question est pour toujours lié au souvenir des moments formidables que j'ai vécu avec, il devient sentimental. Et bien mon habit summer holidays 2016, c'était ce combishort. Une très belle petite chose dégotée chez mon meilleur ami Alain, qui a deux super boutiques à Brest (oui je lui fais de la pub mais il me fait une ristourne, le privilège d'être besta, échange mutuel de services). N'est-il pas trop chou, avec ses petits volants, ses épaules dénudées (enfin les miennes en l'occurrence), ses plumes, sa découpe délicate dans le dos ? Je ne vous cache pas qu'il était un peu chérot, le bestiau, genre 80 €, mais c'est du made in France et pour cette raison, je le chéris encore plus. Il est extrêmement rare que je mette autant d'argent dans un vêtement mais quand je le fais, c'est toujours pour des pièces qui ont une place à part dans mon petit cœur de modeuse.
Non seulement, il arbore des plumes, mais il est également léger comme une plume. Il était donc idéal pour cette journée très, très chaude. Je l'avais réservé spécialement pour notre étape à Key West, une de celles qui me tenait le plus à cœur. Je trouvais qu'il était en adéquation avec le décor (la meuf qui choisit ses habits de vacances en fonction du paysage... ah oui, ça s'appelle une blogueuse mode).
Ah, comme je suis nostalgique de ce temps des vacances où la vie elle-même était légère comme une plume... Parce que le retour, c'était plutôt le goudron. La réalité toute collante et bien relou. Ça a commencé à la minute de notre retour, quand j'ai appelé le garagiste auquel j'avais laissé ma voiture la veille du départ, à cause d'un voyant rouge qui avait visiblement décidé de gâcher le moment. Verdict : joint de culasse à changer, 1200 €, merci ciao la vieille Saxo (eh, en slam c'est pas mal). Le cauchemar de l'automobiliste. Je vous l'avoue, j'en ai chialé devant le garagiste, là, toute bronzée, les valises pas encore défaites, les Birk aux pieds, songeant au vide intersidéral de mon compte en banque qui avait décidé, lui, qu'une virée sous les palmiers valait tous les joints de culasse du monde. YOLO.
Ruinée (ou devrais-je dire plumée) (rapport au combishort) (au cas où t'aurais pas saisi) par ce voyage tant merveilleux que coûteux (la Floride, c'est un truc de riches), j'ai donc dû partir en quête d'une nouvelle bagnole. Dans la foulée, mon chat a présenté des bobos qui m'ont valu deux visites chez le véto, les impôts se sont trompés dans leur calcul et m'ont flanqué une sueur froide, notre chaudière est (encore) tombée en panne, un orage a privé mon hameau de connexion internet. Depuis deux mois, c'est la cata, j'ai toutes les peines du monde à surfer sur le web (ça se dit encore en 2016 ?), ça déconnecte tout le temps et le service client de mon opérateur se fout de la gueule du monde en ne daignant jamais me mettre en relation avec un conseiller. (o)Ra(n)ge.
La voiture, le chat, les impôts et l'internet sont désormais rentrés dans l'ordre (depuis deux jours seulement pour le dernier, ce qui explique ma présence ici, mais je me garde bien de crier victoire), pourvu que ça dure. Certes, il y a des choses infiniment plus graves dans la vie et toutes ces petites misères du quotidien sont bien insignifiantes. Mais quand même, je regrette le temps de la vie légère comme une plume en combishort.
Bon d'accord, peut-être que j'idéalise un peu. Après tout, je me suis payée une gamelle en vélo mémorable dans ce combishort, à un carrefour et devant un bus de touristes, en plus. J'avais des croûtes au genou après, comme quand j'avais douze ans et que j'ai voulu tester la trottinette sans les mains (hélas, ceci est une histoire vraie). Quelle idée ils ont aussi, ces Américains, de louer des vélos sans freins !
Allez, je vous laisse bronzer un peu avec la suite des photos.
Hormis la gamelle, la balade à vélo dans Key West était vachement chouette.
Combishort : Scarlet Roos
Sandales : Les Tropéziennes
Sac : vintage (Emmaüs)
Lunettes de soleil : Marc O'Polo