[Précision : ce post fait suite à une série d'articles compilés dans la rubrique "Acné, j'aurai ta peau"]
C'est l'article que je dois écrire depuis des mois. Et il va être long, je vous préviens ! J'ai repoussé ce moment, par flemme, par appréhension de revivre tout ça. Et par crainte de rentrer dans des détails perso sur ma santé. Mais vous avez été plusieurs à me réclamer un post pour faire le point sur mon acné et j'ai envie de vous éclairer sur les causes de ce fléau. J'ai pas mal appris à ce sujet ces derniers mois, et j'ai enfin trouvé d'où venait mon acné. Je pense que ça pourra être utile à quelques un(e)s. Alors allons-y !
Comme vous le savez peut-être, je suis au milieu d'une cure de Roaccutane (ou Curacné). C'est ma troisième (et dernière). Dans cet article, publié il y a un an, je jurais par tous les dieux que je n'aurais plus recours à cette médication. Et pourtant, le désespoir me l'a fait réclamer à genoux. (Bon je dramatise un peu mais franchement, on n'en était pas loin.) Pour ceux ou celles qui ne voient pas du tout de quoi je parle (les chanceux), Roaccutane est un traitement lourd qui guérit l'acné, en théorie de façon définitive (ça ne marche pas toujours, coucou), avec des effets secondaires pénibles et des contraintes, notamment des prises de sang obligatoires : tous les trois mois pour les garçons, et tous les mois pour les filles, avec test de grossesse, car Roaccutane est incompatible avec une gestation.
En juin, j'ai fini par me jeter aux pieds d'une dermato
Flash back. Juillet 2014. A 26 ans, je me coltine une acné dégueulasse à son plus haut niveau. Une acné que je me traîne depuis dix ans et qui revient toujours tel un boomerang en pleine figure, dès que j'arrête les traitements (deux cures de Roaccutane, donc, mais aussi dix ans de Diane 35 et deux ans et demi d'Androcur qui m'ont garanti une peau parfaite mais que j'ai arrêté sur conseil de mon dermato pour "risques sur la fertilité"). Ne voulant plus agresser mon corps, j'ai tout arrêté en septembre 2013, y compris la pilule. J'ai tenté toutes sortes de choses plus naturelles. J'ai vu un homéopathe et une magnétiseuse. Je me suis ruinée en produits. J'ai changé ma routine visage, maquillage. J'ai arrêté de boire du lait. J'ai même avalé 2000 comprimés d'AcnEase qui m'ont coûté une fortune, tout ça pour absolument ZÉRO RÉSULTAT.
Des photos prises en mai et juin derniers, pour que vous vous fassiez une idée.
Je ne croyais plus dans les dermatologues car j'étais persuadée qu'ils n'auraient rien de nouveau à m'apporter. Mais en juin, j'ai craqué. Tous mes espoirs avaient été anéantis les uns derrière les autres, mon acné empirait et je n'en pouvais plus de voir mon visage comme ça. Je me suis avouée vaincue. Je souffrais moralement et physiquement (oui, ça fait mal, les gros boutons). Alors j'ai pris rendez-vous chez une dermatologue de Périgueux qu'on m'avait recommandée. On m'a calé un rendez-vous un mois et demi plus tard. Mais je n'ai pas tenu tout ce temps : à deux semaines du jour J, j'ai rappelé en larmes, pour qu'on m'avance le rendez-vous parce que c'était très urgent, ai-je dit, parce que je ne "pourrai jamais supporter d'attendre encore quinze jours".
Moi en train d'appeler la dermato sans aucune dignité pour avancer le rendez-vous.
Mon rendez-vous a été avancé au surlendemain. J'ai pris sur moi de manière incroyable pour me rendre au cabinet sans le moindre maquillage, à pied, en rasant les murs. J'avais quand même mis de grosses lunettes de soleil (je dois vous paraître tarée, non ?). Et puis la dermatologue m'a reçue. Je n'avais évidemment pas besoin de dire pourquoi j'étais venue. Elle m'a dit "racontez-moi" et j'ai fondu en larmes. Je lui ai tout expliqué. J'étais vraiment mal et déprimée à cette période, malgré tous les messages positifs que j'ai fait passer sur ce blog, sur la façon de vivre avec son acné, etc. C'était très dur, j'y pensais non stop, je subissais la méchanceté des gens et je devenais paranoïaque, je crois (je ferai un article spécial là-dessus).
La dermato s'est montrée extrêmement sympathique et impliquée. Je me suis tout de suite sentie entre de bonnes mains. Elle m'a examinée, allongée, sous la lumière crue, moi toujours en larmes. Et elle a dit que je ne pouvais pas rester comme ça, que j'étais "défigurée", que j'avais "une acné nodulo-kystique sévère". Ça m'a fait tellement de bien d'entendre ça ! Parce que j'ai compris qu'elle prenait la chose au sérieux. Elle a immédiatement téléphoné à l'hôpital pour me fixer un rendez-vous en urgence avec une endocrinologue, disant que je devais faire des examens pour savoir d'où venait cette maudite acné. Je lui ai demandé si ça pouvait avoir un rapport avec mon alimentation, elle m'a répondu texto : "Non, ne vous mettez pas des idées comme ça dans la tête, vous êtes toute fine, ça ne peut pas venir de là. Mangez ce que vous voulez." Ça m'a déculpabilisée parce que je sais que je n'ai pas fait tous les efforts qu'on m'avait conseillés sur ce plan là. Je n'en avais eu ni l'envie, ni le courage.
Pour que les choses s'arrangent en attendant, ou du moins qu'elles n'empirent plus, elle m'a prescrit un antibiotique, le double de la dose normale. Bien sûr, j'en avais déjà pris par le passé et ça n'avait jamais résolu le problème sur le long terme. Mais j'étais très soulagée.
A nous deux, saleté !
o Les hormones. J'ai fait des analyses de sang, pour voir si au niveau hormonal, tout allait bien. J'ai aussi dû pisser pendant vingt-quatre heures dans un énorme bidon orange fluo (discrétion bonjour).
o Les kystes aux ovaires. J'ai fait une échographie des ovaires, car l'acné peut être provoquée par le SOP, syndrôme des ovaires polykystiques. En gros, des kystes sur les ovaires, qui dérèglent tout. Miam miam. Mais tout était normal.
o Un dysfonctionnement des glandes surrénales. Ensuite, j'ai effectué un scanner des glandes surrénales. Sauf qu'on ne voyait rien à cause de "l'absence de graisse intra-abdominale", précisait le bilan (cette petite phrase qui te fait ta journée). J'ai donc dû passer un IRM. C'était la première fois que je faisais un examen de ce type. Mais là encore, rien à signaler.
Tout ça n'a pas servi à rien. Non. Il en est bien ressorti quelque chose, dont je me doutais déjà : mon acné est d'origine hormonale. Il n'y a rien à faire, c'est comme ça. Une sorte de fatalité. Ce sont les analyses de sang qui l'ont montré : mon taux d'androgènes est trop élevé. Les androgènes, ce sont les hormones mâles (graou). Et d'après ce que l'endrocrino m'a expliqué, un trop-plein d'hormones mâles se traduit de deux façons chez les femmes : soit un excès de pilosité, soit l'acné.
Youpi.
Et vous savez quoi ? Le seul et unique traitement existant à ce jour pour régler ce problème... c'est Androcur. Ce médicament, donc, que j'ai pris pendant plus de deux ans ; qui faisait, c'est vrai, des merveilles, et que mon dermato de l'époque m'a conseillé d'arrêter. Retour à la case départ. Aucune autre solution. J'ai posé franchement la question à cette endrocrino pas très chaleureuse : "Si je reprends Androcur, y a-t-il des risques sur la fertilité ?" Elle m'a répondu d'un air embarrassé, hésitant, mais sans ambigüité : "Vous aurez peut-être plus de mal à tomber enceinte, mais maintenant, il y a des traitements qui aident."
Oh shit.
Je termine mon quatrième mois de Roaccutane. Les résultats sont là : je n'ai plus le moindre bouton, ma peau est lisse, j'ai arrêté d'y penser tout le temps. J'ai retrouvé confiance en moi. J'ai toujours des marques très visibles sur les joues et je pense qu'elles resteront. Mais j'ai la sensation de revivre, à un point que vous n'imaginez pas (ou si, peut-être, d'ailleurs).
Je vis très bien cette cure. L'effet secondaire le plus gênant, dans mon cas, ce sont les lèvres très sèches. (Et donc l'impossibilité de porter du rouge à lèvres, grrr, ça, ça me manque.) J'ai démarré à 25 mg par jour, puis je suis passée à 30, puis 40. Je redoute le moment où j'avalerai la dernière gélule. Parce que je ne me fais aucune illusion : au bout de quelques semaines - quelques mois si j'ai de la chance -, les boutons reviendront, puisque l'origine du problème est en moi. Et là, je n'aurai pas d'autre choix que de prendre ce satané Androcur. Mais qui sait... peut-être l'acné ne reviendra-t-elle jamais ? Ce qui m'épate, c'est que j'arrive toujours à dénicher, au fond de moi, une petite dose d'espoir. Vous aussi, j'espère.
Voilà, vous savez tout. Je prévois d'écrire un article sur l'acné et les réactions des gens, pas toujours faciles à vivre, mais aussi sur mes produits chouchous pour bien vivre ce traitement. Surtout, n'hésitez pas à partager vos impressions et vos témoignages dans les commentaires. J'essaie d'y répondre quand j'ai un peu de temps, je n'y arrive pas toujours, mais je les lis tous avec beaucoup d'attention ! J'en profite pour vous remercier pour tous les messages que vous continuez à m'adresser pour prendre de mes nouvelles ou me raconter votre histoire, ça me touche énormément.
Boutonneusement vôtre !