Voilà un moment que je ne suis pas venue par ici. J'ai eu du mal, comme tout le monde, à reprendre le chemin de mon blog après les attentats. Impossible de faire comme si de rien n'était, car tout a changé... Nous ne sommes plus tout à fait dans le même monde. Et puis, pour rajouter à la douleur, un collègue malade est décédé pile à ce moment là. C'était un ami de longue date de mon amoureux. Bref, tout ça n'est pas très joyeux et pourtant, comme dirait l'autre, il faut bien continuer à vivre et à s'amuser. Et justement, ces événements entrent en résonance avec ma nouvelle philosophie de vie, que je voudrais partager avec vous.

Cette philosophie, je l'ai adoptée il y a environ deux mois. Ça peut paraître bizarre dit comme ça, très précis et pas très naturel. Et pourtant. J'ai décidé d'adopter cette philosophie, oui, du jour au lendemain. Elle tient en un mot : gratitude. J'ai décidé d'éprouver chaque jour de la gratitude. Je ne sais plus exactement d'où ça m'est venu. Sans doute un mélange d'articles et de livres que j'ai lus, de réflexions personnelles, qui font qu'à un moment M, je me suis dit : maintenant, je vais ressentir de la gratitude et me formuler dans ma tête, tous les jours, ce pour quoi je suis reconnaissante. En fait, en écrivant ceci, je me rappelle d'où cela a surgi : d'un bouquin de développement personnel qui prétend vous révéler un grand secret pour obtenir tout ce que vous désirez (ça s'appelle d'ailleurs Le Secret). Je n'ai même pas fini ce livre car j'ai trouvé que c'était surtout un ramassis de bêtises (désolée pour celles qui l'ont apprécié) et je m'esclaffais en le lisant. Et pourtant, malgré tout, il y a un chapitre qui est resté gravé en moi. Un chapitre sur la gratitude. L'auteur témoignait en disant que chaque jour, au moment où elle se réveillait et posait le pied par terre, elle prononçait intérieurement le mot "merci", et recommençait à chaque pas jusqu'à sa salle de bains. Merci de quoi ? Merci d'être en vie, pour commencer. Plus globalement, elle enjoignait d'avoir de la reconnaissance envers tout ce que l'on a. Il faut croire que cela m'a marquée. Non, je n'ai pas pris le réflexe de répéter "merci" à chaque pas qui sépare mon lit du pipi-du-matin, mais oui, je dis merci très souvent.


Je dis "merci" quand je fais de la corde à sauter (exemple improbable) ou quand je cours, pour avoir deux jambes qui me permettent de marcher et faire du sport. Je dis merci à mon coeur d'être en bonne santé, ainsi qu'à tous mes organes. Je dis merci à ma peau de me laisser tranquille en ce moment. Je dis merci à la vie d'avoir rencontré mon amoureux, d'avoir toujours mes deux parents et de m'entendre bien avec eux, je dis merci d'avoir un petit frère, merci d'avoir un travail que j'ai choisi et qui me plaît. Merci de vivre dans une belle maison à la campagne, qui m'apaise et me permet d'être au contact de la nature. Merci de pouvoir profiter d'un feu dans la cheminée le soir (tant que c'est pas moi qui l'allume parce que je suis nulle de chez nulle à ça). Merci d'avoir deux chats adorables. Merci d'avoir un salaire qui me permet de vivre correctement. Merci d'avoir eu une bonne éducation. Merci d'avoir des amis. Merci de vous avoir, vous qui lisez mon blog et l'appréciez. On pourrait aller plus loin, dans ces temps troublés : merci d'être en vie. Merci de n'avoir perdu aucun proche dans des attentats. Merci de n'avoir vécu dans ma vie aucun événement vraiment grave, de n'avoir connu aucune peine insurmontable. Et des raisons de dire merci, que ce soit pour un tout petit rien ou une énorme raison, il y en a encore à la pelle, je vous assure. Réfléchissez-y une seconde. Ça pourrait juste être merci d'avoir des yeux pour lire cet article.


Ce n'est pas un merci à Dieu (je n'y crois pas). Juste un merci à la vie, pour la chance que j'ai. C'est important de s'accrocher à ces "merci" et à cette gratitude dans des temps comme aujourd'hui, où il serait facile de se laisser aller à la noirceur, au pessimisme. Cela fait tellement de bien d'envoyer dans l'univers tous ces "merci". Ça fait voir la vie autrement, ça apaise. Essayez, pour voir. Finalement, ça n'est ni plus ni moins que cette bonne vieille histoire du verre d'eau à moitié vide ou à moitié plein. Je suis d'une nature fondamentalement optimiste et positive, mais comme tout le monde, je suis (j'étais ?) quelqu'un qui râle, qui se plaint, qui se concentre sur ce qui ne va pas, sur le mauvais côté des choses, quitte à l'exagérer parfois. Mais d'un coup, comme on appuie sur un interrupteur, j'ai compris que voir le monde sous cet angle ne servait à rien. Que ça ne pouvait que tirer vers le bas. Alors j'ai choisi, tout simplement, de changer de perspective. J'ai trouvé cela aussi simple à faire qu'à dire. Vous me direz peut-être que je n'ai pas vraiment de raisons de me plaindre non plus. Et c'est vrai. Mais, et vous, alors ? On trouve toujours des raisons de se plaindre... Ne pourrait-on pas s'en passer, parfois ? Souvent ? Et si on a l'impression que quelque chose ne nous convient pas, n'y a-t-il vraiment rien à faire pour le modifier ?


Depuis que je suis devenue Miss Gratitude autoproclamée, je me sens plus légère, plus en accord avec moi-même, remplie d'énergie positive. Se réjouir de ce que l'on a, plutôt que de pleurer ce que l'on n'a pas, ça change tout. Voilà ce que je voulais partager avec vous. J'espère que cela vous donnera envie d'adopter vous aussi ce point de vue, si ce n'est pas déjà fait. J'aurais adoré pouvoir dire "merci de pouvoir porter une petite robe comme celle-ci fin novembre", mais hélas non, ces photos ont été faites en octobre quand il faisait encore très doux. Du coup, elles apparaissent décalées avec les températures actuelles, mais tant pis. Je trouve que ce motif de cerises, si frais et insouciant, colle bien au thème de cet article. La gratitude, c'est la cerise sur ce savoureux gâteau qu'est la vie (#poètetasvu). Merci à mon meilleur ami de m'avoir offert cette si jolie robe pour mon anniversaire. Et merci à vous de m'avoir lue.

Et vous, pour quoi avez-vous envie de dire merci ?

Coucou mes petites feuilles mortes,