Vie d'une blogueuse mode de campagne
16.9.13
Etre dingue de mode dans une ville de 30 000 habitants, entourée de forêts, de champs et d'élevages d'oies, c'est... particulier. Je dois avouer que je me sens souvent en décalage avec la population locale dans mes choix vestimentaires. Je me demande souvent : "Puis-je vraiment sortir/aller travailler comme ça ?" Car parfois, je sens que je vais un peu loin sur l'échelle de la conception locale de la mode. Des exemples qui me font douter : la jupe tutu rose, le headband à grosses fleurs colorées, le short en jean taille haute, le cropped top, les mini-jupes, le gilet sans manches à fausse fourrure (oui, oui, même ça) et, pire, les TALONS HAUTS.
Tiens, je suis déjà en retard de cinq minutes. Et si je me changeais pour la troisième fois ?
Que des choses qui paraîtraient parfaitement banales et insignifiantes dans les rues de Paris ou de Londres, mais qui deviennent olé-olé dans les ruelles de Périgueux. Attention, vous allez rire. Il m'est arrivé, avant de sortir de chez moi, de me murmurer "Allez, courage. Pense à Betty, à Lady Gaga, aux Parisiennes, à Alain, à n'importe qui, à tous ces gens qui assument leur style à 100 % et qui ont trop la classe." Et puis j'ouvre ma porte.
Du coup, j'ose porter ce que j'aime et je me mets le moins de limites possible. J'ai bien conscience que beaucoup de passants doivent me trouver mal fagotée ou excentrique, voire de mauvais goût. Pourtant, je suis loin d'être délurée. Mais c'est dur d'apprécier un effort de style quand on ne maîtrise pas les codes fashion et les tendances du moment.
Le regard des gens à ... [remplacer par le nom d'une petite ville de province pas "fashion aware"].
A l'image de cette femme bourrée qui, un soir, m'a demandé du feu. Après quoi elle a remarqué mon headband à fleurs, a éclaté de rire et m'a demandé : "Mais c'est quoi ça ? Tu vas à un mariage ou quoi ?" "C'est un bandeau avec des fleurs, ai-je rétorqué. Et c'est quoi ce pantacourt en jean sous une robe ?" BIM ! J'avoue, c'était méchant, mais elle l'a bien cherché.
Un pantacourt sous une robe, vraiment ?
Porter un vêtement, un accessoire ou une paire de chaussures juste parce qu'on l'aime est une raison plus que suffisante à mes yeux. Chacun devrait s'habiller comme il le souhaite. (Et même que dans les rues on mettrait des petits poneys sur des arcs-en-ciels entourés de papillons.) J'ai la chance de pouvoir m'habiller comme bon me semble au travail, alors je m'en donne à cœur joie et c'est toujours une attraction pour mes collègues de commenter mon look. Ça me rappelle un article du magazine Be actuellement en kiosques : "Modeuses au boulot, est-ce bien sérieux ?" Autant vous dire que j'avais hâte de lire ce dossier (plutôt sympa) sur un enjeu aussi sérieux.
Il commence ainsi : "Pas facile de ressembler à une gravure de mode dans la vraie vie. De faire d'un rendez-vous professionnel, de courses au supermarché ou d'un déjeuner dominical dans la famille de son nouveau mec, un hommage aux collections automne-hiver 2013-2014 [...]. Le jugement qui tombe la plupart du temps sur votre look est sans appel : "C'est n'importe quoi."" J'ai envie de rajouter : c'est encore PIRE quand tu vis dans une petite ville.
J'ai trop forcé sur le violet, vous dites ? C'est la dernière tendance, pourtant, si si, j'vous assure*...
(*FAUX.)
(*FAUX.)
(Entre parenthèses, cet article évoque uniquement des femmes au fort pouvoir d'achat, qui passent leurs journées en Carven, Stella Mc Cartney, Balmain, Louboutin, Balenciaga et j'en passe. Est-il utile de préciser que je ne possède pas une seule pièce de ces créateurs dans ma garde-robe ? Mais bon, c'est un peu le souci avec les magazines féminins.)
Quoiqu'il en soit, il ne faut surtout pas voir de mépris dans toutes ces considérations : il y a quelques années, je ne comprenais rien à la mode, je trouvais grotesques les robes de Carrie Bradshaw dans "Sex and the city" (bon j'avoue, c'est encore parfois le cas) et ridicules les défilés de grands créateurs. Comprendre le second ou troisième degré d'un look n'est pas accessible du premier coup d’œil à un esprit non aguerri. Et puis de toute façon, c'est aussi une affaire de goût : on ne peut pas plaire à tout le monde.
Selon les jours, mes collègues réagissent par la surprise, l'incompréhension, les compliments ou les taquineries. (L'un d'eux m'a un jour dit que mes compensées me donnaient l'air d'une cagole, avant de m'affirmer qu'il s'était trompé de mot.) J'ai rarement droit à de l'indifférence, et c'est ce qui me plaît.
Mes collègues, lorsqu'ils découvrent ma dernière pièce improbable fantastique.
La mode, c'est avant tout fait pour se raconter des histoires, rentrer dans un univers, voire jouer le rôle d'une madeleine de Proust. Même si c'est pour entendre de la bouche d'un collègue (toujours le même, d'ailleurs) que ma robe lui rappelle la nappe de sa grand-mère. Ouf, il l'adorait.
8 commentaires
Je vis dans un village loin des grandes villes... J'assume mon style, je travaille dans la vente (lingerie, prêt à porter) du coup j'ai pas trop de réflexion au boulot, et ouep c'est mon job d’être à la mode ^^
RépondreSupprimerMais sinon j'ai toujours des remarques de mes potes qui a part le jean polo ne connaissent rien à la mode. Mais bon j'assume, je me fais avant tout plaisir !
Très bel article en tout cas ;)
Biz Jeny
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Merci de partager ton expérience ! Le bon côté d'être fashionista à la campagne, c'est aussi qu'on se sent originale. Ici ça ne m'arrive jamais de croiser des filles qui portent le même vêtement H&M ou Zara que moi, alors que ce sont des enseignes basiques et très répandues !
SupprimerOh comme je te comprends et comme je me sens moins seule tout d'un coup !
RépondreSupprimerJe suis venue rejoindre mon homme dans un bled de 10 000 habitants pommé au milieu des élevages de vaches locales. Alors que je vivais à 30mn en RER de Paris où j'ai fait mes études !
Avant que je n'arrive, mon homme me disait tout le temps qu'ici les filles étaient des adeptes du combo jeans - baskets et que le plus gros efforts vestimentaire qui lui avait été donné de voir était un pull robe avec des leggings et des bottes pointues !
Alors imagine la tête des gens quand j'ai débarqué en hiver short, collants en laine, chemise tartan, santiags sac à frange, grosse écharpe et bonnet ...
Je me sentais toute petite !
Ses petites cousines lui avaient demandé si j'étais mannequin à Paris, ceci dit c'était flatteur. On avait bien rigolé !
Sa sœur avait du mal à me croire quand je lui disait que c'était une tenue de tous les jours à Paris !
Ceci-dit je n'ai jamais accepté de changer mes habitudes pour autant, la mode ça fait partie de moi et tant pis pour les mamies qui regardent mes compensées ou mes méduses d'un air incongrue, ou les nénettes qui se retournent sur moi l'air insultant en disant "elle a pas froid en jupe en hiver" ... Bon j'avoue qu'à plusieurs reprises j'ai eu envie de distribuer des claques !
L'important c'est de se sentir bien dans ses vêtements.
Le pire c'est que quand je suis dans une grande ville, je passe inaperçue et mes collègues me complimentaient même sur mes tenues :)
Je compatis et suis de tout cœur avec toi en tant que blogueuse de campagne moi aussi.
Merci pour ce super article, j'ai adoré :)
Bises
Mélinda
Merci Mélinda, c'est trop gentil, et ça me fait trop trop plaisir de voir que j'ai pu toucher d'autres personnes avec cet article ! Le coup du "elle a pas froid en jupe" en hiver, je vois totalement ce que c'est ! Alors qu'en dehors de l'aspect mode, sur le plan purement pratique, on a souvent plus chaud avec un collant en laine qu'avec un simple jean et ça évite d'avoir un pantalon qui traîne dans les flaques, mais ça les gens n'y pensent pas forcément. Ils se disent hiver = pantalon et quand t'as le malheur de mettre un short ou une jupe, c'est que forcément, tu n'as pas froid aux yeux.
RépondreSupprimerEn tout cas j'ai bien ri en t'imaginant débarquer comme tu le décris, dans ta petite ville. On va créer un comité de blogueuses de campagne :D
Alors là je suis entièrement d'accord avec toi, en effet si on pense plus à l'aspect pratique, le collant en laine ou en double épaisseur est bien plus adapté à la saison ... Mais difficile de le faire comprendre aux gens !
SupprimerEn effet on pourrait créer notre comité des blogueuses de campagne, on aurait de superbes anecdotes à raconter :p
Pour faire suite à ton commentaire sur mon blog, je suis vraiment ravie que tu ai pu trouver des petites choses chez Babou grâce à mon article !
C'est marrant tu parles des slippers léo à clous que tu as prises en plus des beiges et bien je les ai prises aussi le même jour ! En les voyant je me suis dis que sur internet elles devaient coûter au moins 3 fois plus chers ! :D
Aha comme je te comprends ! Mais c'est bien d'oser, perso moi je n'ose pas toujours malheureusement :-(
RépondreSupprimerSurtout au travail, vu que j'ai un boulot assez sérieux... Dernier choc en date : mes collègues ne connaissent même pas Louboutin !!! Non mais allo quoi ?! ><
C'est avec beaucoup de plaisir que je découvre ton blog, tes looks et que je te lis ! Je me retrouve tellement dans cet article, je suis juste fan ! J'ai beau être blogueuse mode de "ville", je ne suis pas issue d'une grande ville. Ok, à Montpellier, il y a des boutiques, mais niveau originalité de tenue, ce n'est pas encore ça. Chapeau, chaussettes hautes, hedband à fleurs... Très peu pour eux. Mais si on en a envie d'abord ! La mode existe pour soi pardi :) Dans ton précédent post, je me suis totalement retrouvée dans le "à 26 ans, j'ai enfin assumé que la mode était ma vraie passion". Enfin, mes parents ont encore un peu de mal à le comprendre eux (et mon banquier aussi), mais moi, j'assume ! Et tes looks sont tout aussi craquants les uns que les autres. Tu es le genre de blogueuse que je rêverai de rencontrer un jour ! Merci de m'aider à me sentir moins seule et surtout très bonne continuation à toi !
RépondreSupprimerCoralie, http://ellesenparlent.com
j'ai bien ri ! c'est tout à fait vrai, et même si je ne suis pas du genre à pouvoir porter une quelconque mini jupe, à cause des 2 troncs d'arbre qui vont sortir de là dessous, vous me comprenez, je trouve cette analyse très juste - à la campagne, ça se fait pas d’être trop différente, c'est qu'on veut faire "dame de la ville" - Jean de La Fontaine est encore très contemporain - donc plusieurs solutions s'offrent à nous ( perso j’habite un hameau de 460 habitants, et en plus j'aime ça !) donc continuons : avoir une méga garde robe avec un choix selon je prends le tgv, je fais un peu de jardinage, je vais boire un café avec une copine dans le coin- soit on reste soi même, et on aura des vieux regards désagréables de gens obtus, mais on aura aussi l’œil admiratif de quelques uns et quelques unes chez qui ça va réveiller leur fantaisie laissée en jachère depuis de longues années.. et finalement ça a presque plus d'impact qu'en ville, ou les gens font attention à rien, étant donné qu'ils sont sur-sollicités.. voila ma petite contribution de ce jour - c'est un thème que je n'ai pas pu vu souvent traité et qui me semble digne d’intérêt ! a bientôt
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