[Précision : ce post fait suite à une série d'articles compilés dans la rubrique "Acné, j'aurai ta peau"] C'est l'article que je dois écrire depuis des mois. Et il va être long, je vous préviens ! J'ai repoussé ce moment, par flemme, par appréhension de revivre tout ça. Et par crainte de rentrer dans des détails perso sur ma santé. Mais vous avez...
blablas
Malaise devant "Sweatshop", le docu qui envoie trois blogueurs dans une usine textile au Cambodge
Capture d'écran du documentaire "Sweatshop", montrant la blogueuse norvégienne Anniken en proie à une prise de conscience a priori plutôt douloureuse.
Ils ont accepté de participer à cette télé-réalité et très vite, les sourires du début laissent place aux larmes. Sous l’œil des caméras, ils dorment à même le sol dans la minuscule et rudimentaire maison de leur hôte, une fille de 25 ans qui travaille sept jours sur sept à l'usine pour 130 $ par mois. Puis ils se lèvent à 5h30, travaillent dans une usine de textile pendant douze heures jusqu'à épuisement, tentent de faire des courses avec les 3 dollars gagnés dans la journée - le prix d'un morceau de viande ou d'une brosse à dents. Parce que oui, les salaires sont bas, et le coût de la vie diaboliquement élevé. Bref, ils expérimentent la misère dans laquelle des centaines de milliers de gens, peut-être des millions (650 000 rien qu'au Cambodge) vivent pour que l'on puisse acheter un t-shirt à 20 € chez H&M - un produit qu'ils vont coudre jour après jour pendant des mois sans jamais pouvoir se l'offrir. Et quand ils manifestent pour réclamer de meilleures conditions de travail, ils se font matraquer.
"Oui mais ils sont habitués"
Bref, rien que l'on ne sache déjà, rien dont on n'ait déjà parlé (on se souvient de l'effondrement de cette usine de textile au Bangladesh et de ses 1100 morts) mais lorsqu'on fait du shopping, il est plus facile de le mettre dans un coin de sa tête et de ne plus y penser. Les réactions de ces blogueurs sont très naïves. Ils s'étonnent de ce qu'ils découvrent. Cependant, au début, ils ont des arguments qu'il est facile de brandir pour nous, occidentaux riches et privilégiés, parce qu'ils soulagent un peu notre conscience, du type : oui mais ils n'ont jamais rien connu d'autre, ils sont habitués, pour eux c'est normal, au moins ils ont un travail. Sauf qu'ils changent vite d'avis, quand ces personnes leur confient qu'elles ne sont pas heureuses, et quand ils réalisent que leur vie a la même valeur que la nôtre.
N'oublions jamais que derrière chaque étiquette "made in China" ou "made in Cambodia" ou "made in pays-en-voie-de-développement" se cache un être humain qui a travaillé un tour de cadran dans une usine surchauffée avec presque rien dans le bide. Tout ça pour quoi, au final ? Certainement pas pour se faire plaisir, manger au restaurant ou même se faire soigner chez le médecin. Non, tout ça pour survivre dans des conditions misérables sans même avoir les moyens de payer une éducation à ses enfants. J'ai l'impression que je n'arriverai pas à détacher cette image de mon esprit, dorénavant. Un peu comme un végétarien qui visualise l'animal vivant lorsqu'il a un morceau de viande dans son assiette.
Ces étiquettes, un être humain à l'autre bout du monde les a cousues. Peut-être qu'il était fatigué, qu'il avait mal au dos ou qu'il songeait à la vie différente qu'il aurait rêvé d'avoir.
Alors, que faire ? C'est bien beau d'avoir une prise de conscience. Mais après ? Ce documentaire a été diffusé en avril 2014 en Norvège. Suivi par 1,5 millions de téléspectateurs, il a fait le buzz. En quittant le pays, les blogueurs se promettent d'intervenir pour faire bouger les choses. Dans des interviews, Anniken a explicitement pointé du doigt H&M, mais rapidement, le journal Aftenposten, qui a réalisé le documentaire, lui a donné la consigne étonnante (c'est la journaliste qui parle) de ne plus citer la marque. L'enseigne, piquée au vif, a convié Frida et Anniken pour leur apporter des réponses, qui sont restées floues et n'ont pas donné satisfaction aux blogueuses, comme l'a confié Frida à Madame le Figaro, dans cet article assez complet que je vous recommande. Encore aujourd'hui, H&M a démenti être concerné par ce documentaire et assure veiller sur les bonnes conditions de travail dans ses usines. Mais quelle réalité se cache sous ces formules creuses ? Dans le docu, le blogueur Ludvig se fait une réflexion : cette usine est la seule qui a accepté de les recevoir, alors à quoi peuvent bien ressembler celles qui ont refusé ?
J'ai fait un tour sur le blog d'Anniken, qui est une des blogueuses les plus suivies de Norvège, à seulement 18 ans. Elle poste toujours des looks composé de pièces issues de sites chinois low cost ou de grandes marques qui n'ont rien d'éthique. (C'est la fille qui attend encore un colis de Sheinside qui vous parle.) En même temps, peut-on le lui reprocher ? Nous faisons la même chose et nous continuerons probablement après avoir regardé ce documentaire. Ou peut-être pas. Ou moins.
Changer ses habitudes, oui mais comment ?
Personnellement, j'ai pris une claque et je vais essayer de changer ma consommation, en privilégiant le seconde main encore plus (sachant que j'en porte quasiment tous les jours) et en réduisant mes achats. Facile à dire, alors qu'il y a quelques jours à peine, je publiais ceci : Et si j'étais une shoppeuse compulsive ? Tous ces habits que j'ai commandés dernièrement me dégoûtent presque. A peine déballés, les étiquettes enlevées, les voilà pendus sur des cintres ou pliés dans mon placard au milieu de tous les autres. Oui, ils sont cool. Mais suis-je plus heureuse ? En avais-je besoin ? Non. Ce n'est pas pour ça que je vais brûler toute ma garde-robe ou que je vais fermer mon blog mode, même si je me sens un peu poisseuse, là, tout à coup... Empêtrée dans la contradiction.
D'aucuns diront que le problème est impossible à résoudre, que c'est trop complexe, qu'on ne peut rien y faire. Que ce n'est pas de notre faute, à nous, simples consommateurs. Et que d'ailleurs, l'ordinateur même où je tape ce texte a été fabriqué en (attendez, je vérifie), en Chine, voilà, de même que la majorité de ce qui nous entoure. Et aussi que ça coûte trop cher, de se vêtir "local", "made in France". J'ajouterai que lorsqu'on aime suivre les dernières tendances et porter des pièces pointues, on a moins de choix si l'on se cantonne à ce genre de produits éthiques. Mais c'est déjà bien de connaître l'envers du décor. Libre à chacun d'agir comme bon lui semble. Au moins, même si c'est purement égoïste, pour avoir la conscience un peu plus tranquille et ne pas sentir la sueur de ces esclaves dégouliner le long de notre dos, sous notre belle robe toute neuve.
Je vous encourage vivement à regarder ce docu, divisé en 5 épisodes d'une dizaine de minutes (en norvégien sous-titré anglais). Je regrette qu'il ne soit pas plus approfondi, car les blogueurs sont restés un mois sur place, mais là, on dirait que ça dure trois jours. Dommage, mais ça donne un bon aperçu de ce qu'on refuse de voir. Courage, cliquez !
Bien sûr, j'aime tous mes vêtements. Mais certains plus que d'autres. Et j'ai remarqué que souvent, ceux que je préfère sont les vêtements de seconde main. Ceux que j'ai trouvés sans vraiment les chercher, et que j'ai payés une bouchée de pain. C'est drôle : pour certaines, plus un habit a été payé cher, plus il a de valeur à leurs yeux et...
La mode est une passion qui me rend heureuse, qui me permet de m'amuser, de m'évader, de créer, d'être légère, d'être moi. Notamment depuis que je la partage avec d'autres passionnées comme vous, sur la blogosphère. Et pourtant, de temps en temps, il se produit un phénomène étrange. Un phénomène qui me tracasse un peu et qui, peut-être, fera écho à ce que...
J'ai décidé de me plier au jeu de la rétrospective de l'année écoulée en photos, avant de la clôturer pour de bon. Un moyen amusant de faire le bilan. En 2014, j'ai posté 30 looks. Trop peu à mon goût. Je compte faire mieux en 2015 ! Côté mode, c'était l'année des cropped tops, des grosses godasses noires, des méduses et des tailles...